vendredi 9 décembre 2005

Jean, François et Marina

> Jean est directeur industriel dans l’une des filiales d’un grand groupe. Ce jour-là, il expose les principaux axes de la stratégie devant l’ensemble des salariés de l’établissement. Les délégués syndicaux sont présents. Les questions fusent, les mains se lèvent, Jean est plusieurs fois interrompu dans son exposé. À un moment, exaspéré, il ne peut s’empêcher de rabrouer un représentant du personnel. Ses paroles cassantes provoquent une réponse agressive de son interlocuteur. Furieux, Jean hausse le ton et lui assène « les mots qui tuent ». L’autre baisse la tête, se tait. Un silence gêné s’abat sur la salle. Jean sait très bien que cette attitude va avoir des répercussions négatives, mais sa réaction a été plus forte que lui : quand il se sent agressé, il se défend très fort. Il dira plus tard qu’il a eu l’impression d’écraser son interlocuteur contre le mur…

> François, expert dans le domaine de l’optique, part en mission avec des collègues et leur « grand chef ». Il est très content de cette occasion de mieux rencontrer son patron. Ils sont anciens de la même école d’ingénieurs, et cette mission sera pour François l’opportunité de mettre en valeur sa contribution au sein de l’équipe. Tout au long du voyage, cependant, il est tétanisé à chaque fois qu’il se trouve à proximité de son patron. Il reste muet en sa présence. Ses collègues, eux, n’ont aucun problème pour échanger avec leur supérieur hiérarchique et se mettre en valeur de façon très naturelle. Certains pensent de François qu’il pourrait faire un minimum d’efforts sur le plan relationnel. Ceux qui le connaissent mieux sont désolés pour lui : « Quand va-t-il enfin guérir de sa timidité ? »

> Marina, chef de publicité dans un groupe de presse, est en rendez-vous avec sa chef chez un client potentiel, un « prospect chaud ». Pour impressionner leur interlocuteur et remporter le contrat, elle n’hésite pas à se mettre en avant ; elle va jusqu’à divulguer des informations sur un autre annonceur. Le prospect semble emballé, charmé. De retour au bureau, Marina subit les remontrances de sa responsable. Comment a-t-elle pu parler aussi inconsidérément ? Si le client apprend qu’elle a divulgué des informations confidentielles, le journal risque de perdre le budget ! Piteuse, Marina baisse les épaules… La veille encore, en plaisantant, son fiancé l’a traitée de gaffeuse devant tous leurs amis.

Jean, François et Marina n’ont pas choisi ce qui leur arrive. Ce ne sont pas des gens bizarres ou différents des autres : chacun d’entre nous a, parfois, l’impression de déraper. Ces réactions sont automatiques, inhérentes au fonctionnement de tout être humain. Seuls ceux d’entre nous qui avons déjà travaillé sur nous-mêmes ont pu les modifier ou y mettre des bémols.


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