Pourquoi apprendre à gérer ses émotions ?

Gérer nos émotions et celles de nos collaborateurs permet une diminution réelle du stress et libère les potentiels pour de meilleures performances. Faites le pari de l'intelligence !

Les auteurs

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Voici quelques idées pour commencer à améliorer votre style de management...

dimanche 25 mars 2007

Les syndicats


Jean-Marc dirige une filiale, qu’il est chargé de redresser, dans le secteur du nettoyage industriel. Les relations avec les représentants syndicaux sont tendues et les négociations dures. Elles coûtent cher en temps et en énergie. Ces relations syndicales représentent une difficulté sérieuse dans le cadre du redressement de la société.

La première tâche à laquelle s’est attaqué Jean-Marc a été d’instaurer des relations équilibrées avec les syndicats. Il a également été très ferme sur ses besoins : il a expliqué et répété qu'il ne pourrait être à l'écoute de leurs demandes si lui-même ne se sentait pas écouté dans ses propres demandes. Il a expliqué et répété qu'il reconnaissait leur rôle et qu'il appréciait d’avoir en face de lui des gens solides. Il ne s'agissait pas pour lui de s'imposer à leur détriment mais de construire des relations
équilibrées, qui lui permettent de faire son travail de directeur, et à eux d'avoir accès à son bureau aussi souvent qu'ils en auraient besoin.

Pour développer un dialogue plus authentique, il a utilisé l'alternance entre exigence et respect : exigence par rapport à son poste et à ses objectifs ; respect des personnes, des familles. Il leur a rappelé leur objectif commun : faire en sorte que la société continue à fournir du travail et des rémunérations au nombre le plus important de collaborateurs, dans le respect d'une bonne rentabilité qui seule peut garantir l'avenir.

« Si j'avais carte blanche, voilà ce que je ferais » : c'est son expression favorite pour exprimer des choses qui lui tenaient à cœur. Cela signifie qu'il est conscient des difficultés et des contraintes qui pèsent sur la filiale ; cela signifie aussi aux gens en face de lui, et en particulier aux représentants syndicaux, qu'il reconnaît et respecte leur pouvoir. Cette expression lui permet en même temps d'exprimer le fond de sa pensée.

Ainsi, Jean-Marc est parvenu à faire des choses que tout le monde pensait irréalisables et en particulier :
- Le redressement des problèmes de satisfaction des clients ;

- La mise en place d’une nouvelle organisation ne suscitant qu’une seule journée de grève, alors que ses patrons pensaient que cela prendrait un an, avec de l’agitation sociale ;

- La mise en place d’un nouveau style de management donnant plus de responsabilités aux différents niveaux sur le terrain.




vendredi 16 mars 2007

La cascade des conséquences

Daniel se bat depuis plusieurs mois pour redresser le site industriel dont il a la responsabilité. Il lutte contre l’inertie du système, il bouscule ses collaborateurs, les représentants syndicaux, sa propre hiérarchie, pour obtenir les moyens nécessaires. Les résultats se sont redressés et le site est sur le point de sortir de la crise… La situation commençait à vraiment s’améliorer, jusqu’à cette réunion syndicale où l'un de ses patrons, agacé, lui a dit devant tout le monde : « Arrête de jouer au con ».

Daniel reçoit cette remarque comme une gifle. Il a entendu le désaveu public de celui dont il attend le plus la reconnaissance. Il a entendu aussi : « Arrête de braver les règles et le système ; arrête de nous casser les pieds avec tes initiatives ! »
A la suite de cette réunion, Daniel est révolté et profondément démotivé. Le chemin qu’il a suivi jusqu’à présent est bloqué. Il n’a plus l’autorisation tacite de remettre en cause les procédures du groupe. Mais il refuse de se laisser abattre. La solution qu’il trouve : passer en sous-marin. Continuer à faire bouger les choses par la négociation et les contacts personnels, mais surtout ne plus attaquer les problèmes frontalement, puisqu’il n’est pas sûr d’être soutenu par ses responsables hiérarchiques.

Peu de temps après, les difficultés s’accumulent de nouveau sur tous les fronts : des tensions sociales réapparaissent, un accident mortel a lieu dans la division ; l’implantation d'une nouvelle machine se passe mal, entraîne des retards dans les livraisons et de nouvelles tensions avec les clients, ainsi que des difficultés d’approvisionnement et,  pour finir, une grève dure ! La situation sociale n’est plus contrôlable… Au bout de quelques mois, le site recommence à subir des pertes importantes.

Quel a été l’impact de cette réflexion prononcée sous le coup de l’agacement ? Daniel aurait-il été capable de faire face à l’enchaînement des difficultés qui se sont produites au cours des mois qui ont suivi ? Nul ne le sait. Ce qui est vraisemblable néanmoins, c’est qu’en jouant un jeu d’équipe, en se serrant les coudes, les performances auraient été meilleures et le niveau de stress moins important.


dimanche 11 mars 2007

Le respect des territoires

Sylvie décide d’avoir une explication franche avec Geneviève.

« OK, reconnaît Sylvie, je suis un peu laxiste avec les maladies de ma fille ; je le reconnais, je fais souvent passer mon travail avant ma vie de famille. Mais si je vous ai choisie comme nourrice, c'est justement parce que vous êtes très soucieuse du bien-être des enfants.  J’ai besoin que vous vous occupiez de ma fille, même quand elle est mal en point. Si c'est grave, je viendrai. Ça me gêne que vous insistiez pour que je vienne à tous les coups, parce que je culpabilise, je me sens mal, et ça me perturbe vraiment dans mon travail.»

« OK, reconnaît Geneviève, je m’affole trop vite quand les enfants sont malades. J’ai eu beaucoup de problèmes de santé avec mes propres enfants. Je reconnais que c'est à moi de garder votre fille, même quand elle est malade. Mais j’attends des parents qu’ils tiennent compte de mes avis ! »

Les deux crocodiles sont satisfaits, car ils ont exprimé leurs besoins et ont été écoutés. L’écoute désamorce l’émotion. Les deux femmes ont fait un pas l’une vers l’autre. Elles ont reconnu qu’elles n’étaient pas d’accord et qu’elles voulaient tout de même continuer à travailler ensemble. Chacune a reconnu ses failles, a promis d’être plus arrangeante, moyennant quoi non seulement la relation perdure mais, en plus, les deux femmes sont plus heureuses car elles se sentent reconnues. A un moment où la rupture était proche, leur relation s'est finalement améliorée.

Chacune a retrouvé son territoire : Geneviève, son territoire de nourrice qui assume le quotidien ; Sylvie, son territoire de maman qui prend les décisions.

Veillons en permanence à respecter le territoire de l'autre et à obtenir le respect de notre territoire.

L'art consiste à trouver le bon équilibre. Si notre interlocuteur a tendance à nous envahir, raccompagnons-le à la frontière avec un "message-je". Si, au contraire, il a tendance à se refermer sur lui-même, aidons-le à s'affirmer en utilisant les techniques d'écoute.

Ces problèmes de territoire sont encore plus vrais en entreprise. L'alternance entre affirmation et écoute permet à chacun de se sentir entendu et reconnu dans son rôle et ses responsabilités.




dimanche 4 mars 2007

Si on l'a dit dix fois, c'est qu'on ne l'a pas dit

Sylvie apprécie beaucoup Geneviève, la nourrice de sa fille. Pourtant, les deux femmes ne sont pas d’accord sur tout, loin s’en faut. Dès que la petite fille a le moindre bobo, Geneviève téléphone à Sylvie en lui demandant de venir chercher l’enfant pour la conduire d’urgence chez le médecin… Après s’être fait « prendre » une fois (elle est venue et, une heure plus tard, la petite était en pleine forme), Sylvie a demandé à Geneviève d’attendre un peu avant de s’affoler. Geneviève a obtempéré mais, à chaque nouveau bobo, à chaque poussée dentaire, re-belote, elle s’agite, téléphone, culpabilise la maman si elle ne vient pas immédiatement…

Sylvie est stressée par cette pression et un peu découragée, car elle a le sentiment d’avoir déjà abordé dix fois le sujet avec Geneviève… Elle se demande si elle ne ferait pas mieux de changer de nounou.

Quel est le besoin de Sylvie ? Quel est celui de Geneviève ?
Le premier point est la compréhension et l’acceptation mutuelle. Sylvie a peut-être eu dix fois, vingt fois, cette discussion avec Geneviève… mais sans doute n’a-t-elle pas exprimé son besoin assez clairement ou n’a-t-elle pas compris ceux de Geneviève. Quand nous n’exprimons pas clairement nos attentes, cela crée un vide, et les réactions de défense viennent combler ce vide.

Si on l’a dit dix fois, c'est qu’on ne l’a pas dit.

C'est justement quand on se sent au bord du clash qu’il faut émettre un "message-je" et faire l’exercice du changement de vitesse : les faits, les conséquences, ce que ça produit en moi.

Bien entendu, le processus peut s'appliquer pareillement en entreprise. Lorsque nous nous sentons agacés, découragés par quelqu'un à qui nous avons demandé dix fois la même chose en pure perte... Et l'attitude à adopter est la même : quand nous sommes au bord du clash, le message-je prend toute son efficacité !